Le théâtre amateur liégeois regorge de richesses. C’est pourquoi nous avons décidé de les mettre en lumière pour mieux vous les faire découvrir ou redécouvrir. Aujourd’hui, pleins feux sur… Lionel Giot, comédien et auteur !

Depuis combien de temps côtoies-tu le monde théâtral ?

J’ai attrapé le virus (sans mauvais jeu de mots) que j’étais tout gamin, dans le village de mon enfance, Villers-le-Temple, une troupe de théâtre amateur (Les Joyeux Templiers) montait chaque année une revue franco-wallonne (style Trocadéro). Un soir, je me souviens avoir poussé la porte de la salle au cours d’une représentation et avoir ressenti immédiatement un amour profond pour cet art.

Plus tard, mon papa a intégré le comité de la troupe, ensuite mon frère aîné Martial a rejoint l’équipe des comédiens, ce qui me permettait enfin d’assister de temps à autres aux répétitions avec l’envie toujours plus grande de fouler moi aussi cette scène.

Cela n’a pas échappé aux auteurs locaux de ces revues annuelles (Renée Cavrenne et Edgard Favaux, mes regrettés marraine et parrain de théâtre) et c’est ainsi que vers l’âge de 10 ou 11 ans, j’ai été distribué à mon tour dans des sketches avec une fierté non dissimulé.

J’avais le pied à l’étrier et malgré les exigences et la charge de travail que nécessitaient cette activité, j’étais aux anges…

Je n’aurais pas pu rêver de meilleure formation, ils m’ont appris l’exigence dans le travail et le respect du public. Certes, nous sommes des amateurs mais nous avons le devoir moral de nous impliquer un maximum pour présenter des spectacles dignes de ce nom.

Et depuis, ma passion ne s’est jamais démentie me permettant au fil des années de côtoyer d’autres troupes, d’autres comédiens et metteurs en scène de talent pour finalement proposer timidement mes services au Studio Théâtre de Liège dont j’étais un fervent spectateur. Aujourd’hui, j’ai presque l’impression de faire partie des meubles.

Au niveau de l'écriture, est-ce ton premier texte ?

Première pièce en tant que telle, oui. J’avais déjà écrit des sketches pour des soupers-cabaret et ébauché des « pièces » mais c’est vraiment la première aboutie, autrement dit qui pouvait être concrétisée sur scène.

Comment t'est venu cette idée originale ?

Fin mars 2020, confiné et privé de théâtre, je voulais me noyer dans l’écriture mais souci majeur les idées me manquaient… J’ai alors eu l’excellente initiative de m’adresser à une amie, Hélène Delhamende, talentueuse romancière liégeoise à l’imagination débordante… En quelques phrases, elle m’énonça une situation de départ totalement originale et inspiratrice. Sans elle, cette histoire n’aurait jamais vu le jour…

Et ce qui au début se voulait essentiellement, un jeu voire un défi à moi-même, se révéla être un exercice salutaire en cette période difficile.
A force d’encouragements, de remarques pertinentes, de conseils amicaux, l’histoire s’est écrite, modifiée et enrichie au fil des mois.

Chaque version étant corrigée de mains de maître ès orthographe par Lili, mon amoureuse.

Est-ce facile d'écrire une pièce ? Quelles ont été les difficultés ?

En ce qui concerne cette pièce, comme évoqué dans la réponse précédente, la première difficulté a été l’idée originale et là je n’ai aucun mérite vu que je me suis nourri de l’idée d’Hélène.

Ensuite, j’avoue humblement que, une fois l’impulsion donnée, l’inspiration a été féconde, les personnages se sont imposés à moi, les situations également… J’étais comme dans une bulle avec mes personnages et je m’amusais beaucoup de voir l’évolution que prenait l’histoire. J’avais presque l’impression par moment d’en être spectateur plutôt qu’instigateur. Une drôle de sensation en fin de compte.

Une fois la première version terminée, une nouvelle difficulté apparaissait, accepter les remarques émises par les personnes à qui j’avais envoyé une copie pour avis.

J’ai dû dans un premier temps ravaler ma « fierté » et avouer après réflexion que ces remarques étaient justifiées et surtout constructives.
Cela m’a permis de corriger, d’améliorer cette première version et finalement aboutir à un résultat bien plus présentable.

Je ne remercierai jamais assez ces personnes qui ont pris de leur temps pour me lire et me conseiller judicieusement, ils ont indéniablement leur part de mérite dans l’aboutissement de ce projet.

En quelques mots l'histoire ?

Obligé de faire des heures supplémentaires à la suite du confinement, ce soir-là Michel rentre très tard à la maison. En l’absence de son épouse partie pour le week-end chez sa mère, il n’a qu’une seule envie, s’installer devant sa télé, un bon café à la main et son chat Pépère sur les genoux…

Mais surprise, son canapé est déjà occupé ! Une jeune femme y est allongée… Qui est donc cette belle inconnue désespérément inerte ? Et comment a-t-elle atterri là ?

Persuadé que son voisin Jacquy, le lourdaud de service et blagueur invétéré est le responsable de cette présence encombrante, il appelle celui-ci à la rescousse…

Bonne idée ou pas ? Cette nuit risque bien de ne pas être de tout repos pour le pauvre Michel…

Ça fait quoi d'être mis en scène dans une de ses pièces ?

J’avoue l’avoir bien vécu.

Premièrement, cela voulait dire que la pièce se concrétisait, les personnages prenaient vie.

Ensuite, une certaine crainte s’est installée quant à savoir si le metteur en scène et mes compagnons de scène allaient prendre du plaisir à participer à ce projet mais j’ai été vite rassuré par l’implication de chacun. Et surtout Gérard Ludwig, par sa mise en scène, a apporté des améliorations au niveau du rendu de l’histoire avec des idées auxquelles je n’avais pas pensé.

Nous étions vraiment dans une belle synergie.

Quel a été ton ressenti lors de la première ?

Un trac de fou ! La générale n’ayant pas été très rassurante, je ne savais pas quel serait le résultat sur scène. Et que dire des doutes quant aux réactions de la salle. J’avais hâte que la première soit passée pour savoir…

Et finalement, le premier soir nous avons eu un public de rêve, il nous a porté véritablement et permis de passer outre nos imperfections par leurs rires et leurs applaudissements.
Personnellement, les mois et les semaines qui ont précédés notre première ont été très lourds émotionnellement suite au décès inopiné de mon frère, lui sans qui je n’aurais peut-être jamais foulé les planches, aussi cette entame de saison réussie m’a libéré d’un poids encore plus lourd qu’il n’aurait dû l’être.

Je lui ai dédié, au fond de moi-même chaque représentation…

Mais je m’en voudrais de ne pas remercier mes compagnons de scène qui ont souffert de mes idées farfelues et ne m’en ont pas (ou rarement) fait le reproche.

Et bien évidemment une mention particulière à mon fiston Rémy qui m’étonne de pièces en pièces et à ma belle-fille Julie qui pour sa deuxième expérience s’est retrouvée, par ma faute, dans des situations « délicates » mais elle a géré et ne semble pas m’en tenir rigueur.

Sans eux, l’histoire auraient été beaucoup moins belle.

Public conquis ?

Apparemment… Je pense que dans sa majorité, le public a apprécié le spectacle qu’on leur a proposé. Les retours qui m’ont été formulés étaient positifs. Plusieurs personnes m’ont remercié de les avoir fait bien rire en précisant qu’ils en avaient grand besoin dans les périodes troublées que nous traversons depuis plusieurs mois.

J’ai également été informé mais indirectement de jugements moins positifs… On ne peut pas plaire à tout le monde.

En tout cas, notre ressenti sur scène a été que la pièce a atteint sur but unique, susciter les rires.

Un prochain texte en cours d’écriture ?

Rien de concret actuellement... Quelques idées, certaines plus avancées que d’autres mais encore très loin de pouvoir être finalisées.

Mais je ne désespère pas de pouvoir réitérer l’expérience.

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